{"id":6843,"date":"2023-05-16T10:03:35","date_gmt":"2023-05-16T20:03:35","guid":{"rendered":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/?p=6843"},"modified":"2023-05-17T08:14:12","modified_gmt":"2023-05-17T18:14:12","slug":"a-huahine-restauration-du-marae-manunu","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/2023\/05\/16\/a-huahine-restauration-du-marae-manunu\/","title":{"rendered":"\u00c0\u00a0Huahine : restauration du marae\u00a0Manunu. (Hiro’a n\u00b0 184 – Avril 2023)"},"content":{"rendered":"

\u00c0\u00a0Huahine : restauration du marae\u00a0<\/em>Manunu.<\/h2><\/div>
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Install\u00e9 sur le motu en face du village de Maeva, le marae Manunu desservait la communaut\u00e9 de Huahine nui. Dot\u00e9 d\u2019une architecture de type c\u00f4tier des \u00eeles Sous-le-Vent, mesurant 42 m de long pour 8,20 m de large et 3,80 m de haut dans ses parties les plus grandes, il poss\u00e8de une sp\u00e9cificit\u00e9 int\u00e9ressante, celle d\u2019avoir un ahu monumental \u00e0 deux gradins.<\/p>\n

Mandat\u00e9 par la Direction de la culture et du patrimoine (DCP), l\u2019arch\u00e9ologue Moohono Niva a organis\u00e9, en septembre 2022, la restauration du marae Manunu, situ\u00e9 sur la commune de Maeva \u00e0 Huahine, avec l\u2019aide d\u2019une \u00e9quipe de quatre personnes recrut\u00e9es sur place. Le chantier a dur\u00e9 un mois. La mission \u00e9tait \u00e0 la fois de redresser plusieurs dalles du marae qui s\u2019\u00e9taient affaiss\u00e9es avec le temps et d\u2019intervenir sur une dalle de corail cass\u00e9e en deux.<\/p>\n

Un marae sp\u00e9cifique<\/strong><\/p>\n

Manunu ne ressemble pas aux autres marae que l\u2019on trouve ailleurs en Polyn\u00e9sie : il est constitu\u00e9 de plusieurs gradins. \u00abTechniquement, un gradin dans un marae signifie l\u2019intronisation d\u2019un ari\u0384i \u00bb<\/em>, explique Moohono Niva qui, depuis vingt-cinq ans, sillonne les \u00eeles du fenua pour sauvegarder les sites historiques. \u00ab Deux gradins, cela fait donc deux ari\u0384i. Nous avons donc ici, comme pour le marae Anini de Huahine iti, situ\u00e9 \u00e0 l\u2019extr\u00e9mit\u00e9 sud de l\u2019\u00eele, l\u2019histoire de <\/em>deux g\u00e9n\u00e9rations de chefs avec deux ahu <\/em>dispos\u00e9s l\u2019un sur l\u2019autre. \u00bb\u00a0<\/em><\/p>\n

Autre d\u00e9couverte : le d\u00e9montage d\u2019une partie du mur du marae<\/em> a mis en lumi\u00e8re l\u2019existence d\u2019une ma\u00e7onnerie prouvant qu\u2019il existe un ancien vestige \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur, sur lequel les fa\u00e7ades actuelles de Manunu viennent s\u2019appuyer. Sur le site, juste \u00e0 c\u00f4t\u00e9 du marae<\/em>, se trouvent \u00e9galement les vestiges d\u2019une construction dont on pense qu\u2019elle \u00e9tait d\u00e9di\u00e9e au dieu Tane. Il y a quelques ann\u00e9es la d\u00e9couverte d\u2019ossements de cochon dans une couche datant d\u2019avant la construction du marae<\/em> a permis d\u2019estimer que Manunu aurait \u00e9t\u00e9 construit entre le XVIIe et le XVIIIe si\u00e8cles.<\/p>\n

Syst\u00e8mes de jointage et de calage<\/strong><\/p>\n

Apr\u00e8s avoir effectu\u00e9 un nettoyage de la zone, \u00e9tabli un relev\u00e9 arch\u00e9ologique, puis d\u00e9limit\u00e9 et s\u00e9curis\u00e9 la zone, le travail a pu commencer. La premi\u00e8re \u00e9tape a consist\u00e9 \u00e0 remettre en place les grandes dalles de corail boulevers\u00e9es. \u00ab Leur redressement a \u00e9t\u00e9 assez facile. \u00c0 l\u2019aide de palans, d\u2019\u00e9tais et de grandes plaques de bois, nous avons pu maintenir les dalles et en soulever toute la masse afin de les positionner tr\u00e8s l\u00e9g\u00e8rement inclin\u00e9es vers l\u2019int\u00e9rieur pour solidifier l\u2019ouvrage. \u00bb<\/em> Ensuite, il a fallu proc\u00e9der \u00e0 la technique de jointage, utilis\u00e9e traditionnellement dans les marae, en remplissant la ma\u00e7onnerie interne de cailloutis (petites pierres de 5 \u00e0 10 mm) trouv\u00e9s sur place. Enfin, dans le but de solidifier encore un peu plus la structure et de reprendre l\u2019appareillage du marae, l\u2019\u00e9quipe a d\u00fb recourir \u00e0 la technique du calage. Ce mode op\u00e9ratoire, que l\u2019arch\u00e9ologue qualifie de \u00ab m\u00e9thode europ\u00e9enne \u00bb<\/em>, consiste \u00e0 choisir des pierres, l\u2019une apr\u00e8s l\u2019autre, \u00e0 les tailler et \u00e0 les ins\u00e9rer en les calant entre les dalles, en alternant basalte et corail.<\/p>\n

Restaurer, une \u00e9tape d\u00e9licate<\/strong><\/p>\n

La seconde \u00e9tape, \u00e9galement l\u2019op\u00e9ration la plus difficile et la plus longue, a \u00e9t\u00e9 de restaurer la dalle de corail fractur\u00e9e en deux. \u00ab Il fallait d\u00e9cider de la technique \u00e0 utiliser\u2026\u00a0Nous avons pass\u00e9 presque deux semaines \u00e0 faire des tests pour voir si on optait pour un collage avec de la chaux. Mais c\u2019\u00e9tait vraiment compliqu\u00e9 et nous ne voulions pas fragiliser encore un peu plus la dalle. Nous avons fait plusieurs essais et finalement, nous avons r\u00e9uni la dalle de corail par deux assises accompagn\u00e9es d\u2019un syst\u00e8me de calage. L\u2019op\u00e9ration a \u00e9t\u00e9 lente et minutieuse car le corail \u00e9tait fragile. \u00bb\u00a0<\/em><\/p>\n

Comme le souligne l\u2019arch\u00e9ologue, chaque marae a son histoire et \u00ab reconstruire \u00e0 l\u2019ancienne est vraiment difficile \u00bb<\/em> d\u2019autant plus que ces sites ne sont jamais vraiment rectilignes\u2026 \u00ab Ce serait facile de les restaurer bien align\u00e9s, mais notre travail est d\u2019essayer de comprendre et de respecter les m\u00e9canismes qui font que le site est tel qu\u2019il est aujourd\u2019hui. Par exemple, si un marae \u201cfait un ventre\u201d, comme on dit dans notre jargon, c\u2019est-\u00e0-dire qu\u2019il pr\u00e9sente un renflement vers l\u2019ext\u00e9rieur, cela peut correspondre \u00e0 son histoire : soit la personne qui le construisait a arr\u00eat\u00e9 le chantier et l\u2019a repris plus tard ou bien cela peut \u00eatre aussi la d\u00e9cision de prolonger la structure \u00e0 un moment donn\u00e9. Avant d\u2019intervenir et de lancer un chantier de restauration, il faut essayer de comprendre tous ces \u00e9l\u00e9ments. \u00bb<\/em> Le r\u00f4le de l\u2019arch\u00e9ologue \u00ab est de rester au plus proche de l\u2019histoire du pass\u00e9 afin de faire parler les pierres \u00bb. \u25c6<\/em><\/p>\n

Manunu et la reine Hotu-Hiva<\/strong><\/p>\n

\u00ab D\u2019apr\u00e8s les l\u00e9gendes orales, le marae <\/em>Manunu (marae<\/em> national avec Matairea <\/em>en montagne ) a \u00e9t\u00e9 construit \u00e0 la pointe du motu Maeva, car c\u2019est \u00e0 cet endroit que Hotu-Hiva<\/em>, la fille du grand chef Tutapu<\/em> et sa femme Tehaamehameha <\/em>install\u00e9s \u00e0 Raiatea Opoa, a pos\u00e9 le pied. Elle arrive avec un tambour -IPUIPU <\/em>I TE RAI-<\/em>, et a \u00e9t\u00e9 retrouv\u00e9e, fatigu\u00e9e, endormie, par deux princes guerriers envoy\u00e9s par le chef du district; l\u2019un d\u2019eux Teaonui-maruia <\/em>l\u2019\u00e9pouse. C\u2019est le d\u00e9but d\u2019une dynastie qui explique la fondation des fameuses tribus de Huahine, raconte l\u2019arch\u00e9ologue Moohono Niva. Manunu<\/em> signi$e d\u2019ailleurs \u201cfatigu\u00e9e, endormie\u201d, d\u2019o\u00f9 le nom de ce marae<\/em> qui a \u00e9t\u00e9 construit pour cette reine.\u00bb<\/p>\n<\/div>

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Restauration Huahine (Hiro’a N\u00b0184 – Avril 2023)<\/a><\/strong><\/p>\n<\/div>

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