{"id":9833,"date":"2025-01-16T14:55:21","date_gmt":"2025-01-17T00:55:21","guid":{"rendered":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/?p=9833"},"modified":"2025-01-16T14:57:19","modified_gmt":"2025-01-17T00:57:19","slug":"monument-aux-morts-de-papeete-iconographie-et-symbolique-hiroa-n-205-janvier-2025","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/2025\/01\/16\/monument-aux-morts-de-papeete-iconographie-et-symbolique-hiroa-n-205-janvier-2025\/","title":{"rendered":"Monument aux morts de Papeete : iconographie et symbolique (Hiro’a n\u00b0 205 – Janvier 2025)"},"content":{"rendered":"

Monument aux morts de Papeete : iconographie et symbolique (Hiro’a n\u00b0 205 – Janvier 2025)<\/strong><\/h2><\/div>
<\/div>
<\/div><\/div>
<\/div>

En 1922, la ville de Papeete, alors seule commune des \u00c9tablissements fran\u00e7ais d\u2019Oc\u00e9anie, d\u00e9cide d\u2019\u00e9riger un monument aux morts en m\u00e9moire de ses fiers Poilus de la Grande Guerre. Le projet est partiellement financ\u00e9 par une souscription publique. L\u2019\u0153uvre, r\u00e9alis\u00e9e en France par un architecte renomm\u00e9 en la mati\u00e8re, Hippolyte Marius Galy, ne manque pas de symboles qui m\u00e9ritent notre attention.<\/strong><\/em><\/p>\n

Le monument aux morts polyn\u00e9siens de la Premi\u00e8re Guerre mondiale se compose d\u2019un ensemble figuratif et id\u00e9aliste, de registre assez classique, dont l\u2019all\u00e9gorie et la symbolique ne peuvent que renvoyer \u00e0 une lecture initiatique. Il a conserv\u00e9 son architecture originelle de l\u2019ann\u00e9e 1922 qui se composait d\u2019un ob\u00e9lisque auquel s\u2019adossait une jeune femme, ces deux ensembles \u00e9tant pos\u00e9s sur un socle, plac\u00e9s sous la garde \u00e0 leurs deux extr\u00e9mit\u00e9s de deux casques de la Grande Guerre. Sa forme pyramidale est assez usuelle des monuments aux morts nationaux. Il s\u2019est compl\u00e9t\u00e9 de trois st\u00e8les rappelant les soldats tahitiens tomb\u00e9s pendant la Seconde Guerre mondiale, les op\u00e9rations ext\u00e9rieures et en Indochine, en Cor\u00e9e et \u00e0
\nMadagascar.<\/p>\n

Image supr\u00eame de la patrie et de la victoire<\/strong><\/p>\n

Aujourd\u2019hui, on acc\u00e8de \u00e0 l\u2019esplanade du monument par trois marches qui renforcent l\u2019id\u00e9e d\u2019ascension et de verticalit\u00e9 vers le divin. L\u2019ob\u00e9lisque, pierre \u00e9lev\u00e9e, mat\u00e9rialise \u00e9galement le lien avec le divin mais affirme aussi l\u2019\u00e9ternit\u00e9. Une frise renvoie \u00e0 la sph\u00e8re c\u00e9leste. L\u2019ob\u00e9lisque se constitue d\u2019un f\u00fbt de forme triangulaire pour se terminer par un coq gaulois perch\u00e9.<\/p>\n

Le coq rappelle l\u2019h\u00e9ritage des Gaulois et trouve toute sa place comme embl\u00e8me de la France et de la R\u00e9publique. Animal de combat, il repr\u00e9sente le courage et la fiert\u00e9. Sur un plan purement religieux, le coq annonce le lever du jour et la r\u00e9surrection du Christ qui triomphe des t\u00e9n\u00e8bres.
\nEn revanche, une colombe exprimerait la paix universelle retrouv\u00e9e.<\/p>\n

L\u2019all\u00e9gorie de la jeune femme est coutumi\u00e8re des monuments aux morts, image supr\u00eame de la patrie et de la victoire. Margaux Teissier, une jeune fille de la colonie, \u00e9pouse d\u2019Henry Gentil, fonctionnaire et peintre ayant servi \u00e0 Tahiti apr\u00e8s la Premi\u00e8re Guerre mondiale, aurait \u00e9t\u00e9 le mod\u00e8le d\u2019Hippolyte Marius Galy, auteur de l\u2019\u0153uvre. La jeune femme, presque de grandeur nature, par la tension de son corps, bras \u00e9lev\u00e9 et jambe droite tendue, r\u00e9pond au chant du coq pour figurer la patrie combattante et renaissante et honorer le sacrifice de ses enfants. Sa posture coupl\u00e9e avec la hampe du drapeau laisse entrevoir une croix, comme celle port\u00e9e par J\u00e9sus-Christ lors de sa crucifixion.<\/p>\n

Sa couronne semble faite de lauriers. Mythifi\u00e9 par les Grecs, sacralis\u00e9 par les Romains, le laurier incarne la victoire triomphante et les vertus militaires. Gardant ses feuilles vertes m\u00eame en hiver, il est aussi symbole de l\u2019immortalit\u00e9. Mais la couronne pourrait \u00eatre aussi une foug\u00e8re de maire d\u00e9cor\u00e9e de deux fleurs de tiare. Elles auraient vocation \u00e0 rappeler l\u2019engagement des enfants de l\u2019ancienne Oc\u00e9anie fran\u00e7aise dans la Grande Guerre au secours de M\u0101m\u0101 Farani, la m\u00e8re patrie incarn\u00e9e par la jeune femme arborant le drapeau tricolore inclin\u00e9 en signe de deuil. Une m\u00e8re patrie \u00e9voqu\u00e9e par l\u2019unit\u00e9 de ses composantes dont celles de l\u2019Empire avec le \u00ab par\u00e9o \u00bb dont elle se recouvre. Mais ce voile peut avoir aussi valeur de
\ndrap fun\u00e9raire, \u00e0 l\u2019instar de celui de sainte V\u00e9ronique sur lequel s\u2019imprima le visage du Christ ensanglant\u00e9.<\/p>\n

La jeune femme pi\u00e9tine pieds nus, humilit\u00e9 oblige, des feuilles d\u2019acanthe, par\u00e9e de voiles de deuil pour rappeler la douleur, des familles, de la Nation dans la perte d\u2019un fils, d\u2019un p\u00e8re, d\u2019un fr\u00e8re.<\/p>\n

Portrait d\u2019un Poilu tahitien<\/strong><\/p>\n

Au-dessus de la jeune femme, un m\u00e9daillon arbore le portrait d\u2019un Poilu tahitien. Le soldat semble porter son regard vers le pass\u00e9, le sang vers\u00e9 et le sacrifice de ses fr\u00e8res d\u2019armes, ou bien l\u2019avenir, et la paix retrouv\u00e9e. Porteuse d\u2019un bouquet de fleurs, la jeune femme qui incarne la patrie, perp\u00e9tue leur souvenir comme dans toute manifestation fun\u00e9raire. Ce bouquet semble se composer de taina<\/em>, fleur embl\u00e9matique de Tahiti, m\u00eal\u00e9e \u00e0 des roses et des cam\u00e9lias stylis\u00e9s pour symboliser l\u2019unit\u00e9 citoyenne. Ce portrait fig\u00e9 du Poilu tahitien invite alors au recueillement.<\/p>\n

Un rameau d\u2019olivier orn\u00e9 d\u2019une \u00e9toile surplombe le m\u00e9daillon du soldat. L\u2019olivier repr\u00e9sente la gloire du soldat, tout comme dans l\u2019Antiquit\u00e9 celle des empereurs romains. L\u2019\u00e9toile rappelle la valeur guerri\u00e8re dans le courage et l\u2019honneur ainsi que celui du devoir accompli. Les \u00e9toiles accompagnent notamment la Croix de guerre, distinction militaire cr\u00e9\u00e9e en 1915.<\/p>\n

La feuille d\u2019acanthe stylis\u00e9e, support de l\u2019ob\u00e9lisque, rappelle un ordre architectural dont l\u2019art corinthien pour traduire en particulier la mort et le deuil.<\/p>\n

La couronne mortuaire compos\u00e9e de fleurs s\u00e9ch\u00e9es entrelac\u00e9es de rubans traduit l\u2019immortalit\u00e9 du soldat tomb\u00e9 au champ d\u2019honneur. L\u2019urne d\u00e9signe les soldats tu\u00e9s pendant la guerre.<\/p>\n

Un casque de Poilu est pos\u00e9 sur un ensemble v\u00e9g\u00e9tal fait de \u00ab victorieuses \u00bb feuilles d\u2019olivier. Leur socle est enserr\u00e9 de deux cordes en signe de fraternit\u00e9 d\u2019armes. Le casque arbore l\u2019\u00e9cusson des grenadiers, contre ceux usuels de \u00ab RF \u00bb pour R\u00e9publique fran\u00e7aise ou l\u2019ancre de marine pour les Marsouins. Un bouclier sculpt\u00e9 dans la pierre renvoie \u00e0 la protection.<\/p>\n

La torch\u00e8re figure, par sa flamme, la purification. La lumi\u00e8re \u00e9clairante qui traverse les t\u00e9n\u00e8bres est alors le symbole de souvenir \u00e9ternel. Dans le dos de l\u2019ob\u00e9lisque, se retrouve l\u2019\u00e9toile avec, \u00e0 ses pieds \u00e0 sa gauche, le laurier et la feuille de ch\u00eane de l\u2019arbre sacr\u00e9 des Gaulois qui expriment la force, la vie, la long\u00e9vit\u00e9 mais aussi les vertus civiques. Une inscription sur le monument rappelle la souscription publique pour sa r\u00e9alisation.<\/p>\n<\/div>

\"\"<\/a><\/h4>\n

<\/h4>\n

<\/h4>\n

<\/h4>\n

<\/h4>\n

<\/h4>\n

Document \u00e0 t\u00e9l\u00e9charger<\/strong><\/h4>\n

Monument aux morts de Papeete : iconographie et symbolique (Hiro’a n\u00b0 205 – Janvier 2025)<\/strong><\/a><\/p>\n<\/div>

<\/div><\/div><\/div><\/div><\/div>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"","protected":false},"author":375,"featured_media":9837,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"gallery","meta":{"_seopress_robots_primary_cat":"none","_seopress_titles_title":"Des Ossements de Polyn\u00e9siens restitu\u00e9s par le Smithsonian Museum","_seopress_titles_desc":"Des Ossements de Polyn\u00e9siens (Hiro'a n\u00b0 204 - D\u00e9cembre 2024)","_seopress_robots_index":"","footnotes":""},"categories":[8,55],"tags":[],"class_list":["post-9833","post","type-post","status-publish","format-gallery","has-post-thumbnail","hentry","category-actualites","category-hiroa","post_format-post-format-gallery"],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/9833","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/users\/375"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=9833"}],"version-history":[{"count":5,"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/9833\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":9841,"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/9833\/revisions\/9841"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/media\/9837"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=9833"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=9833"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.service-public.pf\/dcp\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=9833"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}