{"id":57586,"date":"2025-03-10T10:52:58","date_gmt":"2025-03-10T20:52:58","guid":{"rendered":"https:\/\/www.service-public.pf\/dsp\/?p=57586"},"modified":"2025-03-17T14:52:15","modified_gmt":"2025-03-18T00:52:15","slug":"le-raa-en-polynesie-un-fleau-sous-estime","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.service-public.pf\/dsp\/2025\/03\/10\/le-raa-en-polynesie-un-fleau-sous-estime\/","title":{"rendered":"Le RAA en Polyn\u00e9sie : Un fl\u00e9au sous-estim\u00e9"},"content":{"rendered":"

[ACTUALIT\u00c9] Le RAA en Polyn\u00e9sie : Un fl\u00e9au sous-estim\u00e9<\/strong><\/p><\/h1><\/div>
<\/div>
<\/div>
<\/div>

Ua Pou, le 5 mars 2025 – En mission de d\u00e9pistage du rhumatisme articulaire aigu (RAA) au coll\u00e8ge de Hakahau, \u00e0 Ua Pou, le Dr Jean-Marc S\u00e9galin a profit\u00e9 de l’occasion pour faire le point avec l’\u00e9quipe du centre m\u00e9dical sur cette maladie qui, sans prise en charge rigoureuse, peut entra\u00eener de graves complications cardiaques.<\/strong><\/p>\n

\n
\n
\n
\n

Le rhumatisme articulaire aigu (RAA), aussi appel\u00e9 maladie de Bouillaud, est une pathologie grave qui touche le c\u0153ur, les articulations, la peau et le syst\u00e8me nerveux. En Polyn\u00e9sie fran\u00e7aise, la maladie constitue un v\u00e9ritable probl\u00e8me de sant\u00e9 publique, avec une pr\u00e9valence similaire \u00e0 celle des populations aborig\u00e8nes d\u2019Australie, des \u00eeles Tonga ou de certaines r\u00e9gions d\u2019Afrique. Chaque ann\u00e9e, on recense environ 300 000 nouveaux cas dans le monde, et en Polyn\u00e9sie, de nombreux enfants sont diagnostiqu\u00e9s trop tard, parfois en insuffisance cardiaque avanc\u00e9e.<\/p>\n

Le RAA survient principalement apr\u00e8s une infection \u00e0 streptocoque A, que ce soit par voie respiratoire (angines mal soign\u00e9es) ou cutan\u00e9e (imp\u00e9tigo). Le climat chaud et humide, les conditions de vie pr\u00e9caires dans certaines zones dens\u00e9ment peupl\u00e9es et un acc\u00e8s in\u00e9gal \u00e0 l’eau propre favorisent la prolif\u00e9ration de ces bact\u00e9ries.<\/p>\n

Un d\u00e9pistage scolaire essentiel<\/strong><\/p>\n

Depuis 2019, la Direction de la sant\u00e9 a mis en place un programme de d\u00e9pistage scolaire, pilot\u00e9 par le centre du RAA. Chaque ann\u00e9e, le Dr Jean-Marc S\u00e9galin et son \u00e9quipe r\u00e9alisent plusieurs centaines d\u2019\u00e9chographies cardiaques sur les \u00e9l\u00e8ves de 6e et 5e. Cette m\u00e9thode permet d’identifier des l\u00e9sions cardiaques infracliniques, non d\u00e9tectables au simple st\u00e9thoscope, et pr\u00e9sentes chez un nombre bien plus important d’enfants qu’on ne le pensait.<\/p>\n

Pour la deuxi\u00e8me ann\u00e9e cons\u00e9cutive, le centre du RAA est intervenu la semaine derni\u00e8re \u00e0 Ua Pou. Lors de cette mission, 38 \u00e9l\u00e8ves de 6e ont b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 d\u2019une premi\u00e8re \u00e9choscopie et quatre autres \u00e9l\u00e8ves de 5e et 4e ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9\u00e9valu\u00e9s pour confirmer un diagnostic pr\u00e9c\u00e9dent.<\/p>\n

Un traitement long mais indispensable<\/strong><\/p>\n

Le diagnostic de RAA impose g\u00e9n\u00e9ralement un traitement rigoureux sur une dur\u00e9e minimale de dix ans. L’omission r\u00e9p\u00e9t\u00e9e du traitement augmente consid\u00e9rablement le risque de rechute et d’aggravation de la maladie.<\/p>\n

Le traitement repose principalement sur une injection intramusculaire de p\u00e9nicilline toutes les quatre semaines. Traditionnellement douloureuse lorsqu’elle est r\u00e9alis\u00e9e dans le muscle du grand fessier, une alternative plus confortable, d\u00e9sormais utilis\u00e9e en Polyn\u00e9sie fran\u00e7aise, consiste \u00e0 administrer l’injection dans la zone ventroglut\u00e9ale (muscle moyen fessier), \u00e0 hauteur de la hanche.<\/p>\n

Former le personnel local pour un d\u00e9pistage autonome<\/strong><\/p>\n

L’id\u00e9al serait que le personnel de sant\u00e9 des centres de sant\u00e9 soit form\u00e9 \u00e0 la r\u00e9alisation d\u2019\u00e9choscopies valvulaires. Cette technique cibl\u00e9e, plus simple que l\u2019\u00e9chocardiographie, permet de d\u00e9tecter pr\u00e9cocement les anomalies cardiaques li\u00e9es au RAA.<\/p>\n

Cette ann\u00e9e, l’\u00e9quipe du centre m\u00e9dical de Hakahau (deux m\u00e9decins, quatre infirmiers et aides de soins, un dentiste, un sage-femme et l\u2019infirmi\u00e8re du coll\u00e8ge) a pu b\u00e9n\u00e9ficier d\u2019une mise \u00e0 niveau sur la situation du RAA et d’une initiation \u00e0 l\u2019utilisation plus cibl\u00e9e de l’\u00e9chographe du dispensaire.<\/p>\n

Avec un co\u00fbt annuel estim\u00e9 \u00e0 1,4 milliard de francs pour la prise en charge des patients atteints, le RAA constitue un fardeau sanitaire et \u00e9conomique majeur. En revanche, un d\u00e9pistage de masse, estim\u00e9 entre 6 et 10 millions de francs par classe d’\u00e2ge, pourrait \u00eatre une solution rentable et sauver de nombreuses vies.<\/p>\n

Il y a actuellement environ 4 000 \u00e9l\u00e8ves de 6e en Polyn\u00e9sie. En 2024, le centre du RAA a effectu\u00e9 une mission de d\u00e9pistage sur une dizaine d\u2019\u00eeles en dehors de Tahiti.<\/p>\n

Un espoir pour l’avenir ?<\/strong><\/p>\n

Si des vaccins contre les bact\u00e9ries sont en d\u00e9veloppement, leur mise en place reste lointaine. En attendant, la lutte contre le RAA repose sur l’am\u00e9lioration de l\u2019hygi\u00e8ne, le d\u00e9pistage pr\u00e9coce et la formation des soignants.<\/p>\n

Un DU local mont\u00e9 par le centre du RAA en collaboration avec l\u2019h\u00f4pital universitaire de Bordeaux a \u00e9t\u00e9 mis en place pour former des infirmiers, sages-femmes et m\u00e9decins aux \u00e9choscopies de d\u00e9pistage, mais les places sont rares.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n

\n

T\u00e9moignages : la r\u00e9alit\u00e9 du terrain<\/h2>\n<\/div>\n<\/div>\n
\n
\n
\n

Dr Antoine Henriet, m\u00e9decin g\u00e9n\u00e9raliste itin\u00e9rant :\u00a0<\/strong>\u201cJ’ai d\u00fb apprendre \u00e0 d\u00e9tecter et suivre le RAA\u201d<\/strong>
\n\u201cArriv\u00e9 en Polyn\u00e9sie en janvier 2024, j’ai d\u00fb apprendre \u00e0 d\u00e9tecter et suivre le RAA, une pathologie quasi inexistante en Europe occidentale. Heureusement, nous avons acc\u00e8s aux protocoles mis \u00e0 jour par le centre du RAA sur le site de la Direction de la sant\u00e9. Lors d’un cas suspect \u00e0 Ua Pou, j’ai pu compter sur le soutien de Jean-Marc S\u00e9galin, toujours accessible.\u201d<\/p>\n

\u00c9l\u00e9onore Bri\u00e9, infirmi\u00e8re titulaire exer\u00e7ant au dispensaire de Hakahau depuis six ans :\u00a0<\/strong>\u201cLe d\u00e9pistage cibl\u00e9 des enfants de 11 ans est une chance\u201d<\/strong>
\n\u201c\u00c0 Ua Pou, la tranche de population touch\u00e9e concerne principalement des coll\u00e9giens. Mais de temps en temps, nous avons de mauvaises surprises chez de jeunes adultes \u00e9galement. Pour ce qui est de la prise de conscience de cette maladie, beaucoup en ont entendu parler mais n’y pensent pas forc\u00e9ment lorsqu’ils viennent consulter pour un mal de gorge, par exemple. Aussi, le premier r\u00e9flexe est de penser \u00e0 une angine ou un autre probl\u00e8me ORL, cependant les \u2018petits bobos\u2019 ou autres plaies non soign\u00e9es sont \u00e9galement des portes d’entr\u00e9e pouvant entra\u00eener l’apparition de la maladie qui se manifeste rapidement par des rhumatismes articulaires aigus puis par la suite par des atteintes cardiaques plus ou moins importantes. Si nous avons des doutes sur un possible RAA, nous avons les moyens, une fois par semaine tous les lundis, de r\u00e9aliser des pr\u00e9l\u00e8vements \u2013 notamment sanguins \u2013, qui sont exp\u00e9di\u00e9s le mardi par voie a\u00e9rienne. Cela nous permet de r\u00e9aliser les pr\u00e9l\u00e8vements sp\u00e9cifiques \u00e0 J0 et J14. Le d\u00e9pistage cibl\u00e9 des enfants de 11 ans est une chance. \u00c0 l’heure actuelle, aucun personnel du centre m\u00e9dical n’a encore b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 de la formation qui vient de s’ouvrir en 2024, permettant une reconnaissance officielle de l’utilisation de l’\u00e9chographe dans le but de r\u00e9aliser des d\u00e9pistages pour tous les patients qui y seraient \u00e9ligibles. Mais en fonction du flux des nouveaux arrivants, que ce soient des m\u00e9decins, infirmiers ou sages-femmes, nous avons la chance de temps en temps d’avoir du personnel d\u00e9j\u00e0 form\u00e9 \u00e0 l’utilisation d’un \u00e9chographe. Selon les recommandations parues en d\u00e9cembre 2024, toute la fratrie de la personne diagnostiqu\u00e9e RAA doit b\u00e9n\u00e9ficier d’un d\u00e9pistage en cardiologie, ce qui n’est pas encore r\u00e9alisable car les deux missions sp\u00e9cialis\u00e9es en cardiologie annuelles ne suffisent pas \u00e0 absorber les besoins de l\u2019\u00eele.\u201d<\/p>\n

\n
R\u00e9dig\u00e9 par Eve Delahaut le Mercredi 5 Mars 2025 – Tahiti Info<\/div>\n
<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n<\/div>\n
<\/div>\n
\n
Retrouvez l’interview du Dr Jean-Marc SEGALIN pour la radio RST de Suisse, ICI<\/a>.<\/div>\n
<\/div>\n
<\/div>\n<\/div>\n<\/div>
<\/div><\/div><\/div>

NOS ACTUALIT\u00c9S<\/span><\/h3>\n
<\/div>
<\/div><\/div>
<\/div>\n<\/div>
<\/div>
<\/div>
<\/div>